L’espace numérique du spectateur : un parcours à co-construire

Ecosystème numérique ou “real life”, la contradiction en est-elle vraiment une? L’heure est au numérique omniprésent. Un spectateur faisant l’expérience de la création artistique en se déplaçant, ne prolonge-t-il pas simplement une rencontre faite avec l’oeuvre et l’artiste sur le web? Plus que de s’opposer, réel et virtuel peuvent en effet se combiner. Mais au-delà d’une simple réponse à des problématiques de communication, l’espace numérique est un champ des possibles vaste en termes de services et de ressources pour le public. Accrocher les sens, faciliter la rencontre, rendre accessible sont autant de qualités que possède un canal dont les usages ne cessent de s’agrandir.

 

1- La tentation

La première accroche, celle qui incite le public à aller voir un spectacle, c’est la communication.

Vidéo, photo, interview, affiche : le canal web est irremplaçable pour faire la promotion d’un spectacle. Sur un site Internet ou via les réseaux sociaux, les informations proposées au public sont tour à tour factuelles & pratiques ou relèvent du storytelling autour de l’oeuvre. Le canal numérique et de manière plus large, un plan de communication cross-media complet permet de divulguer des informations qui retranscrivent l’identité, l’univers de l’artiste.  

Plusieurs types de contenus peuvent se prêter à ce fractionnement sur le web, et par exemples :

  • une présentation des étapes de la création sur un blog,
  • une immersion dans la vie de l’artiste par des rédactions de brèves sur la genèse de ses spectacles, ses influences
  • des teasers courts en relation avec la future expérience du public (décor, ambiance sonore, présentation vidéo des comédien·es…)

“Pour 64% des personnes interrogées, Internet est la première source d’information pour choisir un spectacle. 79% de ces personnes accèdent à cette information via leur Smartphone.”  Livre blanc les relations aux publics connecté(e)s – Artishoc – avril 2016

Du point de vue du lieu de diffusion, la mise en avant de contenus riches et attrayants servent aussi à définir l’ADN de la salle de spectacles. Au-delà du simple teasing, il est aussi question de fil rouge, de cohérence de la programmation. Ces contenus peuvent tisser les liens et mettre en lumière la couleur particulière d’une saison.

Revenons au public, si la communication web l’a conquis ou intrigué, son parcours l’amènera dans la plupart des cas, à accéder à la billetterie en ligne.

 

2- La réservation, l’achat en ligne

L’étape de la réservation en ligne n’est pas anodine.  Les éléments attendus par le public sont nombreux :

  • inscription rapide,
  • confiance dans les solutions de paiement proposées,
  • notification à l’issue de la réservation,
  • réception des billets à domicile ou impression à la maison,
  • e-mail ou sms automatique de rappel sur le spectacle…

Les entreprises qui proposent des solutions sont nombreuses. Intégrée au site en marque blanche ou totalement externalisée, la billetterie en ligne est un incontournable en termes de gestion des publics.  

En plus de faciliter l’acte d’achat pour le/la spectateur·trice, cette solution offre des atouts précieux au lieu de diffusion. Les lieux de spectacles ont maintenant la possibilité de connaître finement leurs publics. 

Mais quel avantage côté spectateur? Bénéficier d’attentions et de privilèges, s’il le souhaite. Il n’est pas question de faire entrer le/la spectacteur·trice dans un tuyau webmarketing contre son gré, mais bien de répondre aux problématiques qui l’éloignent parfois des salles spectacle. Par exemple, une salle accueillant en majorité un public de 30-40 ans pourra tester, avec un partenaire, la mise en place d’un service de réservation de baby-sitting, depuis son site. De même, la spectatrice venant voir régulièrement les spectacles d’une même compagnie pourra bénéficier d’invitations lors de moments off (rencontres, invitation à une générale) ou de suggestions d’autres événements en rapport avec ses goûts.

 

3- La facilitation numérique sur place

La parcours numérique du spectateur se poursuit le jour J. Danse, théâtre, musique ou cirque, la rencontre dans la vie réelle avec l’oeuvre, peut être couplée avec une réalité augmentée.

“ Sur l’attitude des spectateurs en salle : 66% des personnes attendant le début d’un spectacle sont connectées sur les réseaux sociaux. 20% vont commenter ou produire un post. 17% vont se localiser. 16% vont liker. Une personne sur trois va rechercher les futurs événements ayant lieu dans la salle.” Livre blanc les relations aux publics connecté(e)s – Artishoc – avril 2016

Ces chiffres laissent entrevoir toutes les possibilités offertes dans cet espace-temps de l’avant spectacle. Le public qui attend est déjà connecté sur le web. Pourquoi ne pas lui proposer à cet instant un contenu qui enrichira son expérience. Par le biais du site web, d’une application dédiée ou même en proposant du contenu sur un réseau social. Accès direct au teaser des prochains spectacles? Proposition de questionnaire en ligne pour tester un nouveau service? Jeu sur la programmation de la saison permettant de gagner des places?

Le parcours se poursuit une fois le spectacle débuté. Les services numériques, irremplaçables dans le champ de l’accessibilité, se multiplient. Ainsi, des entreprises comme Panthea – Théâtre in Paris proposent, par le biais de lunettes connectées, un accès aux spectacles sur-titrés. Les salles qui bénéficient de cette technologie peuvent équiper lors de chaque représentation, un petit nombre de personnes. L’objectif? Faire tomber les barrières de la langue et rendre accessible les créations au public sourd et malentendant.

A lire pour aller plus loin sur le développement de cette technologie : le bilan de l’opération surtitrage menée avec Panthea lors du festival d’Avignon 2017.

De même, certain·es spectateurs·trices sont en recherche de salles de spectacles équipées de boucles magnétiques ou pratiquant l’audiodescription. Des sites comme celui de l’association accès culture répertorient les spectacles des salles membres du réseau et proposant ces solutions innovantes.

Le spectacle est fini? Le parcours numérique du spectateur ne s’arrête pas pour autant.

 

4- Le retour d’expérience : élargir la communauté

A l’issue d’un concert ou à l’occasion d’un festival, les organisateurs proposent de plus en plus le cashless comme moyen de paiement. Au bar, aux boutiques de goodies, malgré les polémiques et quelques ajustements à trouver, cette solution permettant des paiements dématérialisés est un service supplémentaire rendu possible par les technologies numériques.

Egalement, l’après concert ou spectacle est le moment du retour sur l’expérience. Mais comment mesurer la satisfaction du public ? Des solutions comme Satisfaction par Delight data permettent au/à la spectateur.trice de répondre à un court sondage. Appréciation sur la salle, étude des motivations pour se déplacer à l’événement, question sur la qualité ressentie du spectacle… Les salles de concert peuvent intégrer dans la soirée du spectateur et par un envoi direct sur son téléphone, la mesure de l’appréciation des participant·es.

En effet, le partage d’un ressenti ou de commentaires transforme le public en influenceur. Cependant, côté public, il est parfois difficile de mettre des mots sur un ressenti. La plateforme Data-Danse a été construite dans cet objectif. Co-produite par un ensemble de lieux de création et de diffusion, avec l’accompagnement du Ministère de la Culture et de la Communication, Data-Danse est un outil numérique interactif qui propose au public d’être guidé dans sa découverte de la danse et dans l’expression de ses ressentis à l’issue d’une représentation.

 

Le panel des outils numériques à disposition du public est donc large. Communication, billetterie en ligne, facilitation sur place… Organisé de manière stratégique autour de la venue du public dans le lieu de diffusion du spectacle, l’accès à ces outils peut favoriser la connaissance, l’interaction et faciliter l’accessibilité aux oeuvres.

Et vous, quels outils numériques utilisez-vous dans le parcours numérique de vos spectateurs et spectatrices?