Le cyberharcèlement en lycée : une problématique préoccupante
Le cyberharcèlement désigne l’utilisation des technologies numériques pour harceler, intimider ou humilier une personne. Or, à partir du lycée, les élèves ont souvent un accès intensif aux réseaux sociaux. En effet, selon le Baromètre e-Enfance en 2023, 20 % des lycéens déclarent avoir été victimes de cyberharcèlement au cours de leur scolarité.
Pourtant, l’impact sur les victimes n’est plus à démonter :
- Risque sur la santé mentale : stress, anxiété, dépression, voire idées suicidaires
- Répercussions scolaires : baisse des résultats, absentéisme, décrochage scolaire
- Isolement social : retrait des activités sociales ou extra-scolaires
Pourquoi la prévention du cyberharcèlement en lycée est essentielle ?
Les lycéen·nes, en pleine transition vers l’âge adulte, se construisent une identité personnelle et numérique. Dans certains cas, ils et elles utilisent quotidiennement des applications comme Instagram, TikTok ou Snapchat, ce qui les expose à des interactions parfois toxiques.
La cyberviolence est bien souvent le prolongement d’une situation débutée dans la vie en « 3 dimensions. » Les dangers, s’ils peuvent venir des réseaux sociaux, sont bien souvent surtout amplifiés par ces derniers. Le fonctionnement des algorithmes, le piège des notifications incessantes et le mode de diffusion favorisent les agressions de masse. Les messages ou vidéos humiliantes peuvent se propager à une large audience en quelques secondes. L’anonymat, lié aux agressions sous pseudonyme, donnent l’impression de se rendre indétectable et difficiles à identifier pour les agresseurs. Côté témoin, la pression sociale, la peur d’être exclu ou jugé pousse certain·nes adolescent·es à participer à ces actes de harcèlement ou à rester silencieux. Ce triangle de responsabilité doit être rompu pour que cessent les agressions.
Initiatives pour prévenir le cyberharcèlement en lycée et collège
Le cyberharcèlement dans les programmes scolaires
Les établissements scolaires jouent un rôle clé dans la prévention grâce à des initiatives déjà mises en place dans bon nombre d’entre eux en Ille-et-Vilaine comme des ateliers pédagogiques et des sessions de d’éducation aux Médias et à l’Information (EMI), incluant des modules sur les usages responsables des outils numériques.
Rôle des intervenants externes
En tant que professionnelle externe spécialisée dans les enjeux numériques, je peux aborder ce sujet au cours d’un module en classe, afin de sensibiliser les élèves à l’impact de leurs actions en ligne. L’idée est de prévenir et de rappeler les stratégies pour se protéger et protéger les autres (savoir signaler un contenu inapproprié, connaître les sites utiles pour agir).
L’objectif est de mentionner les leviers actionnables pour se faire aider. Les équipes enseignantes des établissements scolaires sont toutes dans des démarches de communication ouverte pour créer un climat de confiance afin que l’adolescent puisse parler en cas de problème.
Il est aussi nécessaire de rappeler que l’écosystème numérique n’échappe pas aux règles et à l’encadrement législatif. La loi protège les victimes.
Stratégies concrètes pour lutter contre le cyberharcèlement
Sensibilisation aux conséquences légales du cyberharcèlement
Selon la loi française, le harcèlement en ligne est passible de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende (article 222-33-2-2 du Code pénal). Les élèves doivent comprendre que leurs actes numériques ont des conséquences réelles sur leur avenir.
Encourager les témoins à agir
Un grand nombre d’élèves observent le cyberharcèlement sans intervenir par peur des représailles. Les modules de sensibilisation encouragent à soutenir la victime et à signaler l’agresseur auprès des adultes ou des plateformes concernées.
Visites des adresses utiles en classe
Chaque session comporte une visite des sites et applications de signalement dont le site e-enfance, avec la présentation du numéro court 3018, permettant aux victimes de signaler discrètement un cas de harcèlement.
La mise en avant des bonnes pratiques fait partie intégrante de la solution et notamment les réflexes à initier chez les élèves :
- Bloquer et signaler les agresseurs sur les plateformes concernées.
- En parler rapidement à un adulte de confiance (parent, enseignant, CPE).
- Sauvegarder les preuves (captures d’écran) pour d’éventuelles démarches juridiques.
Statistiques clés sur le cyberharcèlement
- 37 % des jeunes de 13 à 17 ans ont été exposés à des comportements blessants en ligne (Baromètre e-Enfance, 2023)
- 1 lycéen sur 5 a été victime de moqueries ou insultes sur les réseaux sociaux.
- 80 % des cas de cyberharcèlement débutent dans un cadre scolaire (source : Cybermalveillance.gouv).
Dans les conférences que j’anime à destination des parents d’élèves, il est aussi question d’accompagner les ados dans l’entrée de leur vie numérique pour cadrer les interactions dès la mise à disposition d’un smartphone pour l’ado.
- L’installation d’une application de contrôle parental pour limiter les comportements à risque.
- La veille nécessaire sur l’évolution des outils et des pratiques des jeunes en suivant des comptes tels qu’Internet sans crainte sur Instagram
- Le cadrage familial global avec une plateforme comme Faminum qui permet d’aborder tous les aspects de la vie en ligne et des espaces de sociabilité autour des écrans (jeux, relations sociales, usages administratifs…)
La prévention du cyberharcèlement en collège et lycée repose sur une collaboration étroite entre les élèves, les enseignants, les familles et les associations. En combinant sensibilisation, outils éducatifs et actions concrètes, il est possible de réduire significativement ce fléau et d’assurer un climat scolaire plus serein et bienveillant.